N°149 - La Fleur du Mâle
LA FLEUR DU MALE
Il était arrivé, devant la Tour Eiffel, une rose rouge sang à la main, avec un de ses amis. Il devait avoir trente cinq ans, trente sept ans, environ, plutôt bel homme. Durant quelques secondes, chacun de nous était resté immobile, regardant autour de nous nerveusement. Nos regards s'étaient croisés tout en s'évaluant, en se soupesant, l'esprit rempli brusquement de questions. Etait-ce bien Lui ? Etais-je Elle, cette femme qui l’intriguait ?
Viscéralement, j'avais deviné en cette minute qui Il était. Tous mes sens me le criaient bien que je restais immobile, n'osant m'en approcher. Il avait posé sur moi son empreinte, depuis de longues années. Ses jeux amoureux racontés m'avaient souvent amusée. Sa plume avait réussi à me troubler au point d'en perdre certaines fois le sommeil.
Il avait autour de lui toute une cour de jeunes femmes empressées qui d'un regard de sa part lui aurait embrassé, sans hésiter, les pieds. J'avais toujours été une solitaire...Une louve qui chassait seule et prenait son temps tout en observant les hommes, quelques soient l'état de mes sens affamés. J'avais cette faculté de savoir les calmer quand le besoin devenait exigeant. La précipitation dans ce domaine avait joué plus d'un tour à de nombreuses femmes.
J'ai senti son regard se coller soudain au mien, puis descendre lentement sur mes cheveux comme sous l'effet d'une caresse, avant de se poser sur mes seins. Je pouvais presque sentir la chaleur de ses lèvres, ses dents mordiller la pointe sensible de mes seins, sous le tissu léger. Nous étions en juillet. Immobile, je laissais un sourire effleurer mes lèvres. De mes pensées coquines, il ne saurait jamais rien.
Son regard descendit sur ma taille puis glissa lentement sur mes jambes. Je déglutis, troublée à nouveau sous la caresse de son regard qui paraissait prendre tout son temps, bien que nous soyons entourés par une foule cosmopolite. Je me sentais soudain nue devant lui, malgré les apparences. Ses yeux étincelèrent d'un air gourmand. Sa langue vint mouiller ses lèvres, me jetant en pleine confusion.
Fascinée, je me laissais faire, offerte ingénument par ce trouble dont il taquinait des yeux, soudain ma chair, en silence. Personne à part nous, n'en avait conscience. Combien de toi dura ce manège ? Je ne saurais le dire réellement...Quelques secondes ? Quelques minutes sans doute mais pour moi, sa présence discrète marqua mon corps et mon esprit, pour longtemps.
Je détournais la tête en entendant prononcer mon prénom. Mes amies et amis s'étaient regroupés et m'attendaient, m'observant curieusement. Avant de les suivre, je me détournais une dernière fois. Il avait disparu... Aujourd'hui, j'aurai aimé lui parler, m'en approcher, humer sa chair voluptueusement, m'amuser à le troubler en croisant et décroisant mes jambes, en ouvrant un peu plus mon chemisier… Un jour, peut être, le Destin nous remettra, face à face ? J'attends...déjà, je le sens approcher...
9/11/97
Marie-Ange